Comment les services d’intervention précoce peuvent-ils répondre aux besoins complexes des jeunes itinérants? L’expérience décennale de l’EQIIP SOL à Montréal
Béatrice Todesco, MD
Amal Abdel-Baki, MD
Paula Pires De Oliveira Padiha
Poster
Introduction: En 2012, une équipe spécialisée d’intervention intensive de proximité (EQIIP SOL) pour les jeunes en situation d’itinérance présentant un premier épisode de psychose (JIPEP) et des troubles d’utilisation de substances (TLU) a été créée à Montréal afin de mieux répondre aux besoins de ces jeunes tant au niveau psychiatrique que psychosocial.
Méthodes: Etude observationnelle prospective longitudinale de 3 ans incluant tous les JIPEP(18-30 ans) admis à l’EQIIP SOL de 2012 à 2022. La stabilité résidentielle, la gravité de la maladie (CGI), le fonctionnement général (GAF, SOFAS), la consommation d’alcool et de drogues (AUS, DUS) ont été évalués à l’admission et à 1, 3, 6, 9, 12, 15, 18, 24 et 36 mois. L’ANOVA à mesures répétées et le test Q de Cochran ont été utilisés pour déterminer si les résultats s’amélioraient avec le temps. Un modèle mixte généralisé a été élaboré pour analyser la variable stabilité résidentielle pour chaque patient, incluant jusqu’à 10 temps de mesure. Les variables indépendantes à l’admission ont été testées en univariée avec un seuil ≤ 0,1 pour se qualifier dans le modèle multivarié.
Résultats:
Parmi les 226 patients admis à l’EQIIP SOL, 77,4% ont atteint la stabilité résidentielle sur les 3 ans. L’analyse post-hoc a indiqué une amélioration rapide de la stabilité résidentielle dans les six premiers mois, suivie d’une stabilisation. Le CGI (F (5,13, 420,69) = 48,48, p < 0,0001), le SOFAS (F (5,3, 439,60) = 58,25, p < 0,0001) et le GAF (F (4,86, 430,23) = 63,21, p < 0,0001) se sont améliorés de manière concomitante dans les neuf premiers mois, avec une progression mineure par la suite. Les troubles de consommation d’alcool (Q=13,674, p=0,003), de cannabis (Q=10,645, p < 0,0001) et de stimulants (Q=8,4, p < 0,05) se sont également réduits, avec des tendances différentes pour chaque substance. La consommation de cannabis a diminué de manière significative au cours de la première année (p < 0,05), tandis que la consommation d’alcool et de stimulants (cocaïne et/ou amphétamine) ont nécessité respectivement deux (p < 0,05) et trois ans (p < 0,05). Dans le modèle mixte généralisé multivarié, la consommation de stimulants réduisait les chances d’atteindre la stabilité résidentielle (OR : 0,52 (0,28-0,96)), ainsi qu’une histoire d’itinérance chronique (OR : 0,36 (0,15;0,83)).
Discussion:
L’expérience de l’EQIIP SOL suggère qu’un programme intensif offrant un support résidentiel et des soins intégrés aux JIPEP présentant un TLU permet une amélioration rapide de la stabilité résidentielle, suivie de près par une amélioration clinique et fonctionnelle. Bien que tous les TLU diminuent avec le temps, le trouble d’usage des psychostimulants nécessite plus de temps pour s’améliorer et réduit la probabilité d’atteindre la stabilité résidentielle.