Prévenir tôt la schizophrénie, maladie bipolaire et dépression majeure récidivante: Découvertes sur l’identification et l’intervention précoce applicables à la pratique quotidienne en psychiatrie adulte et infantile
2 juin 2023, de 10h30 à 12h
Michel Maziade
Discutant: Ashley Wazana
Atelier (90 min)
Salle de Bal
Dans cet atelier nous discuterons de l’origine neurodéveloppementale des maladies psychiatriques majeures (schizophrénie SZ, maladie bipolaire BP et dépression majeure récurrente MDDr) et de ses implications cliniques immédiates pour la psychiatrie adulte et la psychiatrie de l’enfant.
Une étiologie développementale est scientifiquement démontrée : 1. Plusieurs indicateurs de dysfonction du cerveau observés chez le patient adulte affecté par la SZ, BP ou MDDr sont maintenant détectables chez l’enfant et l’adolescent à risque génétique (EAR) i.e., nés d’un parent affecté; 2. Ces indicateurs précliniques et neurobiologiques tendent à s’accumuler à partir de l’enfance et signalent que la frappe gène-environnement survient tôt au cours du développement du cerveau de l’enfant, soit de nombreuses années avant l’apparition du prodrome ou du premier épisode de la maladie; 4. Ces indicateurs sont par exemple des symptômes atténuéMichels périodiques de psychose ou de l’humeur – une diminution soudaine du fonctionnement global – l’apparition de déficits cognitifs s’exprimant par des difficultés d’apprentissage et une forte diminution de la performance scolaire – une apparition de signes neurobiologiques facilement mesurables comme un amincissement des couches cellulaires rétiennes ou une diminution de la réponses des neurones rétiniens (cônes et bâtonnets); 50% des EARs présentent des troubles développementaux ou comportementaux méritant une consultation et les EARs sont 20 fois plus à risque de développer la maladie de leur parent; 5. Ce sont les EARs qui accumulent les indicateurs, plutôt que ceux qui en portent un seul, qui sont les plus à risque de développer la maladie; 6. Des fenêtres de vulnérabilité sont connus. Les EARs déclinent dans leur fonctionnement surtout entre 8 et 15 ans. Le psychiatre peut s’informer en peu de temps, auprès du parent qu’ils ont en suivi, d’un changement survenu chez un de leurs enfants; 7. Il est donc possible de distinguer parmi les enfants d’une famille, celui ou celle qui est le plus à risque de développer la maladie du parent et de référer à un service infantile spécialisé; 8. Le risque de transition peut s’élever jusqu’à ~70% dans certains sous-groupes de EARs, e.g. les nombreux EARs qui développent un syndrome anxieux cliniquement significatif entre l’âge de 8 à 10 ans et qui méritent un traitement hâtif énergique; 9. Les résultats obtenus chez les EARs sont largement généralisables aux enfants à risque de la population;
Dans un contexte québécois et mondial, ces résultats méritent d’être propagés et discutés avec les cliniciens en raison de leur caractère récemment publié et de leur transfert facile et immédiat à la clinique. Notons que 70% des jeunes qui développent une SZ, BP ou MDD recevront leur premier diagnostic à l’urgence selon les données de la RAMQ, et cela même si 50% d’entre eux avaient été déjà vus en cliniques externes de psychiatrie. Les causes de ce phénomène clinique surprenant sont entre autres que la majorité de la recherche préventive internationale se fait sur les « Clinical High Risk (CHRs) » qui sont des sujets plus âgées (17 à 30 ans) et des cas plus avancés déjà référés en clinique. Une autre cause est sans doute la rareté nationale et internationale des psychiatres d’enfants. La recherche en détection et prévention en enfance/adolescence présente l’avantage de nous donner plus de temps pour intervenir auprès du jeune, de la famille et des partenaires professionnels.
Nous discuterons autant de la base scientifique que des applications immédiates dans la pratique quotidienne du psychiatre de l’adulte et de l’enfant. Le professeur Martin St-André animera l’atelier et le professeur Ashley Wazana en discutera le contenu en apportant particulièrement l’aspect des années post-natales et de la petite enfance.