Réorganiser l’importance clinique sémiologique des atypies autistiques à partir du phénomène de régression développementale

3 juin 2023, de 15h45 à 17h15

David Gagnon
Abderrahim Zeribi
Elise Douard
Valérie Courchesne
Guillaume Huguet,
Sébastien Jacquemont
Mor Absa Loum
Laurent Mottron

Communication libre (15 min)

Petit-Frontenac

 

Une régression développementale (RD) est couramment rapportée chez les enfants autistes présentant un phénotype prototypique et est considérée comme un signe quasi pathognomonique de cette condition. Nous avons fait l’hypothèse que, malgré les incertitudes liées à sa définition, l’utilisation de la RD pour ancrer le phénotype prototypique permettrait de hiérarchiser les signes cliniques qui accompagnent cette présentation de l’autisme. Nous avons extrait les données rétrospectives de 1547 enfants autistes âgés de 6 à 18 ans de la collection Simons Simplex. À l’aide de régressions logistiques, nous avons identifié les atypies associées à une histoire de RD. Une méthode de sélection Stepwise des variables à l’aide d’une analyse de régression logistique suivie d’une procédure bootstrap de 1000 itérations a permis d’identifier le groupe d’atypies le mieux associé à une RD. Des régressions linéaires et logistiques ont mesuré l’association entre les combinaisons d’atypies au sein du groupe identifié et les comportements adaptatifs, les domaines diagnostiques de gravité et d’autres catégories. Sept atypies augmentent de manière significative la probabilité d’avoir vécu une RD (OR = 1,73-2,13). Quatre d’entre elles («guidance des mains», «inversion pronominale», «ne pas utiliser les mouvements de la tête pour dire non à l’âge de 4-5 ans» et «utilisation stéréotypée d’objets ou intérêt pour des parties d’objets»), lorsqu’elles sont regroupées, caractérisent le mieux le phénotype des enfants autistes verbaux présentant une RD. Ce regroupement de signes est associé à certaines difficultés langagières persistantes, à des scores-sommes plus élevés sur des échelles de diagnostic de l’autisme et à une plus grande probabilité de recevoir un diagnostic d’autisme plutôt qu’un autre diagnostic de trouble envahissant du développement (TED). Ces résultats soulèvent des questions quant à l’utilisation du langage comme spécificateur clinique, à la définition de signes transversaux indépendamment de leur relation avec une trajectoire de développement précoce, et au fait de se fier à des critères polythétiques ou à des atypies autistiques pondérées de façon équivalentes.