Délirium

Qu’est-ce que c’est?

Le délirium est causé par un « mauvais fonctionnement » du cerveau temporaire qui survient chez une personne avec des problèmes de santé physique, ou qui prend des drogues ou certains médicaments.

Ce syndrome est caractérisé par un changement assez rapide dans les fonctions cognitives d’une personne. Il se développe habituellement sur quelques heures ou quelques jours, et a tendance à varier au cours d’une même journée.  Il s’agit d’une urgence médicale pour laquelle il faut consulter un médecin sans tarder puisque cet état peut mener à de la confusion, des chutes, des accidents ou des blessures.

Le delirium peut se résorber tout seul. Toutefois, chez certaines personnes, en particulier chez celles qui ont un trouble neurocognitif majeur (aussi appelé une démence), les symptômes peuvent persister pendant des mois.

Comment le delirium se manifeste chez la personne atteinte ?

Le delirium se manifeste par des variations dans l’état de conscience et une diminution des capacités cognitives d’une personne, comme l’attention, la mémoire, ou la capacité à se concentrer.

Des changements dans le comportement peuvent aussi survenir. Certaines personnes peuvent être agitées ou même agressives (délirium « hyperactif »), alors que d’autres apparaîtront plutôt sans énergie, peu attentives ou même somnolentes (délirium de type « hypoactif »).

En plus de ces changements, le delirium peut s’accompagner d’anxiété, de dépression, des hallucinations visuelles ou des idées délirantes, comme celle d’être convaincue d’être victime de vol ou d’un complot, par exemple.

Les personnes en delirium peuvent avoir tendance à sous-estimer leur besoin d’aide. Elles peuvent aussi, dans certains cas, ne pas être capables temporairement de prendre des décisions importantes ou de consentir à leurs soins. Elles peuvent vouloir quitter l’hôpital de façon inattendue pour retourner chez soi.

Certaines personnes décrivent parfois avoir l’impression de vivre cet état comme un « cauchemar éveillé », alors que d’autres n’en sont pas conscientes et n’en gardent pas de souvenir. Si des souvenirs persistent, il est important d’en parler avec un médecin pour obtenir du soutien.

Qu’est-ce qui peut augmenter le risque d’avoir un délirium ?

Voici quelques exemples de facteurs de risque du délirium :

  • Être âgé de plus de 65 ans.
  • Avoir déjà fait un délirium dans le passé.
  • Consommer de l’alcool au-delà de ce qui est recommandé pour la santé.
  • Souffrir d’une maladie neurologique, comme une démence, un AVC ou une maladie de Parkinson.
  • Prendre plusieurs médicaments régulièrement
  • Avoir plusieurs problèmes de santé physique actifs
  • Avoir des déficits sensoriels non corrigés (par exemple, ne pas porter ses lunettes ou des appareils auditifs si on en a besoin).

Quelles sont les causes possibles ?

Chez les personnes à risque, plusieurs facteurs peuvent favoriser l’apparition d’un delirium. Un changement rapide de l’état de santé (une infection, un état post-opératoire, une atteinte rénale ou hépatique, etc.) en est un bon exemple. Prendre des substances (intoxication ou sevrage aux drogues), débuter de nouveaux médicaments ou de changer les doses de sa médication habituelle peuvent aussi causer un délirium.

Souvent, les personnes en delirium ont plusieurs causes en même temps. Pour les identifier, les médecins font un examen physique et prescrivent des tests (des prises de sang, une analyse d’urine, etc.). Dans certains cas, le médecin demandera un test d’imagerie cérébrale, comme une tomodensitométrie (aussi appelée un « scan cérébral »), peut être utile pour s’assurer qu’une lésion au cerveau n’est pas en cause.

Un délirium, ce n’est pas :

  • Un problème qu’on peut ignorer, car il s’agit d’une urgence médicale.
  • Une conséquence normale du vieillissement.
  • Une maladie psychiatrique comme une dépression, un trouble bipolaire ou une schizophrénie.
  • Une démence, aussi appelé un trouble neurocognitif majeur, car le delirium est une perturbation des fonctions cognitives temporaire.
  • Une maladie qui atteint seulement la personne âgée : le delirium peut survenir à tout âge.

Existe-t-il des traitements?

Pour soigner une personne en délirium, le médecin doit d’abord en identifier les causes. Il faudra traiter chacune des causes trouvées pour que la personne s’améliore. Cela peut donc prendre un certain temps.

Certaines interventions peuvent être offertes pour diminuer les symptômes du délirium et aider la personne à s’en remettre. En voici quelques exemples :

  • Diminuer les sources de stimulation (éviter les bruits forts, favoriser un ou deux visiteurs à la fois, etc.),
  • Rappeler à la personne la date et l’heure du jour (afficher un calendrier, mettre une horloge, etc.),
  • Prévenir les risques de blessures ou de chutes (ajouter la surveillance étroite d’un préposé, par exemple).

Certains médicaments sont parfois prescrits à faibles doses et pour de courtes périodes aux personnes atteintes de délirium pour diminuer certains symptômes, comme l’agitation importante à risque de blessures.

Si je suis un(e) proche aidant(e) d’une personne en délirium, que puis-je faire pour l’aider ?

Les proches aidant peuvent être préoccupés par l’état du malade lorsqu’il est en delirium. Souvent, ils seront même les premiers à en identifier les signes. Certains constateront que la personne est plus confuse ou somnolente le jour.

Lorsqu’une personne est en delirium, ses proches peuvent être inquiets que cet état ne dure ou prenne du temps à guérir. En parler à l’équipe médicale peut aider à avoir de l’information pour mieux comprendre ce qu’est le delirium et comment on peut participer aux soins pour aider la personne en delirium. En effet, les proches aidants peuvent jouer un rôle important dans le rétablissement du delirium de différentes façons :

  • Apporter les appareils auditifs et lunettes du proche.
  • S’impliquer à tour de rôle avec les membres de la famille ou l’entourage auprès de la personne en délirium pour répondre à ses questions, l’aider à s’orienter ou aviser le personnel en cas de besoin.
  • Favoriser les routines habituelles, comme de conserver un sommeil la nuit et un environnement calme autant que possible.
  • Collaborer avec l’équipe traitante lors des soins.
  • Utiliser des phrases simples et courtes pour communiquer avec la personne et se montrer rassurant.
  • Apporter des objets familiers à la personne pour lui donner des repères (photos de famille, objets importants, livres, horloge, calendrier, montre, etc.).
  • Avec l’accord de l’équipe médicale, encourager la personne à rester active (se lever ou marcher).

Que puis-je faire pour diminuer mon risque d’avoir un délirium lorsque je suis hospitalisé(e) ?

  • Informer le médecin de mes habitudes de consommation (ex. alcool) à mon arrivée à l’hôpital, afin de prévenir le risque de sevrage lors de mon séjour.
  • Porter mes lunettes et mes appareils auditifs si j’en ai besoin pour mieux voir ou entendre
  • Informer le médecin de la médication que je prends régulièrement à domicile.
  • Aviser le médecin si j’ai déjà fait un delirium dans le passé.

 Quelques ressources pour plus d’information sur le délirium en français :

Coalition Canadienne pour la Santé Mentale des Personnes Âgées : Prévention et soins du delirium auprès des personnes âgées

en anglais :

https://ccsmh.ca/wp-content/uploads/2017/06/CCSMH-8.5-x-11-Delirium-R1-1.pdf


Références

  • Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, fifth edition (DSM-5).
  • Marcantonio ER. Delirium in Hospitalized Older Adults. N Engl J Med. 2017 Oct 12;377(15):1456-1466. doi: 10.1056/NEJMcp1605501. PMID: 29020579; PMCID: PMC5706782.
  • Inouye SK, Westendorp RG, Saczynski JS. Delirium in elderly people. Lancet. 2014 Mar 8;383(9920):911-22. doi: 10.1016/S0140-6736(13)60688-1. Epub 2013 Aug 28. PMID: 23992774; PMCID: PMC4120864.
  • Canadian Coalition for Seniors’ Mental Health. National Guidelines for Seniors’ Mental Health: The Assessment and Treatment of Delirium. May 2006.
  • Vu, Thien Tuong Minh. Prise de position de la SQG sur la prise en charge du delirium. Société québécoise de gériatrie, Octobre 2011. Acessible en ligne : https://www.sqgeriatrie.org/dl2.php?file=2011-10_prise_de_position_sur_le_delirium.pdf
  • Gouvernement du Québec. Cadre de référence sur l’approche adaptée à la personne âgée en milieu hospitalier – Fiches cliniques – Delirium. ISBN : 978-2-550-64619-8; 2e version, avril 2012;  Droits réservés à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal / CSSS-Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke.